Un thriller érotique publié au fil de l'écriture, à raison de deux épisodes par mois.

Extrait :

Anaïs et Alicia étaient rentrées à la maison sans encombre. Le corps médical n'avait eu de cesse de faire passer des examens au nouveau-né, qui n'en pouvait plus de cette forme de maltraitance. Elle s'en était plainte à ses parents qui avaient mis le holà. Ils avaient même dépêché un grand professeur pour étudier le cas en détail, dans l'optique d'une publication inédite dans une grande revue scientifique. Finissant par comprendre leur petit jeu, Paul et Alicia avaient refusé, arguant que leur enfant n'était ni un monstre ni un animal de foire et que sa précocité devait être un atout pour elle et non un boulet. Cependant, la nouvelle était montée jusqu'au ministère et, de loin en loin, était même parvenue aux oreilles d'Helmut, qui commençait à trouver toutes ces coïncidences très suspectes.

En réalité, en dehors de sa maîtrise du langage, la petite était tout à fait normale. La seule véritable différence était qu'elle ne criait pas comme ses congénères, mais qu'elle réclamai, le plus souvent poliment. Elle ne savait pas plus marcher, même à quatre pattes que les autres, par contre, elle avait déjà une sacrée répartie. Elle laissait ses parents faire leurs nuits, mais les épuisait de questions, auxquelles elle ne renonçait qu'après avoir obtenu une réponse crédible et qui la satisfasse. Dans la pouponnière, elle avait bien noté qu'elle était la seule à parler, mais elle n'avait pas encore conscience de sa particularité et de ses conséquences dans une société formatée. De même, pour elle, tuer des congénères pour se nourrir était normal, tout comme la confection et la consommation du produit. Cependant, par chance, elle n'avait pas hérité de l'addiction de ses parents. De même, ce dernier ne semblait pas passer dans le lait de sa mère, ou à des doses si infimes qu'il ne produisait aucun effet sur la petite.

Anaïs avait eu du mal à comprendre et accepter qu'elle doive se taire et faire semblant d'être un bébé "normal" qui crie, qui pleure, pour s'exprimer et tenter de se faire comprendre, car, à ses yeux, elle était normale. Ils avaient convenu d'un code et d'un mot clé dans les deux sens pour l'autoriser à parler. Ainsi, dès son plus jeune âge, elle apprenait à ses dépens que la liberté d'expression était un leurre, ce qui la frustrait au plus haut point, tant elle avait de questions à poser sur ce monde bizarre, dans lequel elle allait être amenée à évoluer pour le restant de ses jours.