Un thriller érotique publié au fil de l'écriture, à raison de deux épisodes par mois.

Extrait :

Marie n'avait pas du tout apprécié la disparition subite de Paul. Marilyne et Lynn en avait bien ri. Elles s'étaient éclipsées à leur tour dans la chambre de Marilyne, mais, malgré la distance avec celle de Marie, cette dernière n'en pouvait plus d'entendre les orgasmes répétés de ses deux colocataires. Finalement, elle prit le parti de mettre ses écouteurs dans ses oreilles et de se poster derrière la porte d'entrée, l'œil rivé à l'oeilleton, dans l'espoir de voir apparaître Paul sur le palier. Elle resta ainsi une bonne demi-heure. Alors que le raffut des filles semblait se calmer, la porte de l'appartement d'en face s'ouvrit et la minuterie de l'escalier fut activée. Elle vit distinctement Paul dans l'embrasure, prenant congé d'Helmut avec moult ronds de jambes, ce qui lui laissa largement le temps d'enfiler son manteau et ses escarpins des grandes occasions. A peine ce dernier eut-il refermé sa porte, qu'elle bondit dans l'escalier et rattrapa le quinquagénaire à l'étage du dessous. Sans vergogne aucune, elle l'aborda de la manière la plus bête du monde : en lui faisant du gringue. Amusé et parfaitement conscient de son piètre sex-appeal, Helmut, curieux de l'effronterie de cette charmante donzelle, poussa le bouchon un cheveu plus loin, en lui proposant de faire plus ample connaissance autour d'un café-crème bien chaud, dans le bistrot le plus proche.

Pendant ce temps, Alicia demandait des explications à Paul. L'ambiance était électrique. D'abord, il disparaissait chez leurs voisines, sans rien dire, pendant plus d'une heure, puis l'intrusion de son ex-supérieur hiérarchique chez les flics, c'en était trop. Elle ne savait même plus ce qui était le plus inquiétant pour elle, entre ces deux événements, intervenus coup sur coup. Paul commença par nier, mais dû rapidement reconnaître les faits : il sentait le sexe à plein nez, et pour elle, enceinte, toutes ces odeurs étaient devenues d'autant plus offensantes et insupportables, qu'il la délaissait depuis bien trop longtemps. Furieuse de cet aveu trop facile, elle se demanda tout naturellement ce qu'il lui cachait de pire encore. Il tenta bien de l'amadouer en la prenant dans ses bras, mais, sur le point de craquer, elle trouva la force de le repousser. Paul se demandait ce qu'elle savait exactement, si elle avait vu les images de Marilyne ou ce qu'Helmut avait bien pu lui révéler en son absence. Paul était sur le grill et marchait sur des œufs. Heureusement, elle n'évoqua pas la tête d'Amanda qui avait trouvé place sur le bureau de Marie, comme presse-papier. Au regard de Paul, Alicia comprit rapidement qu'il cherchait ce qu'il pouvait lui révéler, ou au moins, élaborait une histoire crédible à ses yeux.