Extrait :
" Quand avait-elle commencé ? Elle ne voulait plus se souvenir. Elle était devenue cette femme sans états d’âme, en apparence en tout cas. Elle cravachait les hommes, les humiliait s’ils le souhaitaient et ils payaient. Elle s’exécutait mais ne se soumettait pas. Quand elle acceptait de le faire pour un rôle, elle montait le prix.

Pendant des semaines, elle avait eu beaucoup de mal. Les premières fois, elle avait vomi et s’était enfuie puis elle avait pleuré. Ensuite, elle avait appris à retenir sa respiration et s’imaginer ailleurs. Elle avait dû se construire une bulle. Un monde dans sa tête pour se fermer à la douleur. Elle y était parvenue. Elle jouait son rôle. Comme une actrice de cinéma. Elle avait dû regarder des vidéos pour faire ça. Son corps n’était qu’un matériel, qu’un bien physique qui lui appartenait. Elle l’utilisait, le prêtait, mais ne donnait pas son âme ni son cœur. D’ailleurs, un type lui avait demandé si elle n’avait pas trop regardé « Pretty Woman ». Pourquoi ? Parce qu’elle n’embrassait pas. Elle refusait de se laisser embrasser. C’était une des conditions. Son corps, pas son âme et ses lèvres. Ses lèvres étaient reliées à son âme qui était elle-même liée à son cœur et se laisser embrasser, c’était vendre son âme. Elle vendait son corps, c’était tout. "

Résumé :

Elle n'a pas de prénom, pas de passé, pas d'histoire et elle vend son corps aux hommes. Elle vit dans une caravane en région parisienne à Vincennes et elle n'existe pour personne à part un homme qui va découvrir son histoire à travers des journaux intimes qu'il va trouver lors d'un concours de circonstances malheureux.
Chacun d'eux va se dévoiler en flash-back à travers ce roman sans rien savoir l'un de l'autre.
Il deviendra son client.
Cette petite fille blessée va naître et grandir à travers ses journaux, perdre sa naïveté, s'endurcir tout en restant un être d'une grande fragilité cherchant les réponses existentielles que chacun d'entre nous se pose.
Elle aura 15 ans, 20 ans, 30 ans, 35 ans et plus et elle portera tous les masques de sa vie sans jamais oser les ôter.