Ménagerie nocturne

Les animaux se réunissent la nuit et s’organisent pour éliminer les hommes du spectacle de cirque. Ce programme rencontre cependant des résistances… Ce conte a pout thématique la quête d'autonomie de l'enfant et les craintes que cela peut susciter. Finalement tout s'arrange, suivant une tradition bien établie.

Extrait :

Le spectacle était terminé depuis plus de deux heures. Les lumières du chapiteau étaient éteintes. De loin, tout paraissait calme ; mais, de près, il se passait des choses étranges. Tous les animaux du cirque s’étaient en effet réunis pour écouter une conférence de Spock, le chef des chimpanzés. Il y avait du brouhaha. Les pachydermes avaient de la peine à trouver une place confortable. Un jeune éléphant poussa une tortue du pied en disant : « Dégage ma vieille ! »
Un piédestal avait été placé au milieu de la piste. Spock s’y installa. Il se gratta la tête, fit mine d’ajuster ses lunettes, et prit son souffle.
—Mesdames, Messieurs…
Il y eut un énorme craquement. Zavata le rhinocéros, avait voulu monter sur un banc qui se cassa, et, en tombant, le gros animal écrasa quelques planches. Il était coincé, il hurlait. Le bruit réveilla le dresseur des fauves, qui ne dormait que d’un oeil. « Bah, » pensa-t-il, « c’est la pleine lune, il y a un peu d’agitation », et il se rendormit.
—Mesdames, Messieurs, mes jeunes amis, reprit Spock...
Il s’interrompit pour écraser une puce dans sa barbe.
—Si je vous ai réunis ce soir, c’est pour vous poser une question, une grande question. Mais attention : votre réponse peut transformer votre vie !
Il n’y eut pas de réaction. La plupart des animaux attendaient la suite du discours, l’air béat. Certains pensaient encore à la chute de Zavata, et ils souriaient rêveusement. Les tigres somnolaient, et Lajili, la vieille éléphante indienne, soupirait bruyamment.
—Mesdames, Messieurs, mes jeunes amis, continua Spock en haussant le ton et en écarquillant les yeux, voici ma question : que serait le cirque sans nous ?
Il y eut des toussotements gênés. Les petits animaux regardaient parterre, les grands levaient la tête en simulant l’indifférence.
—Je réponds à ma question : rien ! Le cirque ne serait rien sans nous !
Walter, l’ours blanc, se mit à crier « oui, oui, oui, » en hochant la tête. Il avait mal compris et répétait « le cirque ne serait rien sans l’ours ». Ce malentendu déclencha un rire sonore chez les hippopotames, qui, provoquant la surprise, fut suivi d’un silence général. En effet, les hippopotames, quoique rondouillards, sont graves et réservés. S’ils rient, c’est que cela en vaut vraiment la peine. Dès lors, même les animaux les plus distraits commencèrent à s’intéresser au discours de Spock.

contesphilosophiques.wordpress.com

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Nous avons vérifié que ce livre était gratuit le 19 fév. 2021 - 14:13 Détails de l'offre