Les enseignants sont-ils dangereux pour nos enfants?

Aujourd'hui, grâce notamment au PISA (Programme International pour le Suivi des Acquis) dont les résultats sont publiés tous les trois ans, plus personne ne doute que l'Éducation nationale est un vaste chantier auquel il faut s'attaquer sous peine de laisser s'aggraver un bilan scolaire national profondément défaillant en termes de formation mais aussi d'équité.
Il y a ceux qui réclament le retour à la discipline (l'uniforme, la Marseillaise) et à l'exigence la plus sévère, comme si l'autorité n'existait pas déjà dans nos écoles et comme si elle pouvait résoudre le problème de la difficulté d'apprendre. D'autres imaginent au contraire que la disparition des notes est la solution alors qu'il y a mille façons d'évaluer et qu'évaluer fait de toute manière partie de la mission scolaire, ne serait-ce que pour vérifier les connaissances acquises. Entre ces deux attitudes extrêmes, de multiples variations se développent, ayant toutes en commun le défaut d'être fragmentaires et de ne s'attaquer qu'à la forme. Et puis il y a ceux qui décident, les politiques qui nous gouvernent, de gauche ou de droite grâce à l'alternance démocratique. Eux, depuis longtemps, préfèrent masquer l'urgence d'une réforme par des mesures inutiles et coûteuses dont la plus prisée (car électoraliste) est l'augmentation des postes d'enseignants.
Le Conseil supérieur des programmes (CSP) a annoncé, le 12 février 2015, un "programme des programmes", c'est-à-dire "un cahier des charges pour les attendus de fin de scolarité obligatoire" (Le Monde, 13 février 2015). Un enjeu majeur pour la communauté éducative qui abandonne en chemin, chaque année, 140 000 jeunes sans aucune qualification. Pourtant, rien sur le rôle des enseignants, au contraire, le CSP souligne qu'il se place "non pas du point de vue de l'enseignant mais toujours du point de vue de l'élève, ce qu'il doit savoir, savoir faire, comprendre et analyser." Quelle étrangeté. Et c'est ainsi depuis plus d'un demi-siècle, c'est ainsi que des milliers de rapports sont remis aux autorités compétentes, ménageant le corps enseignant avec des recommandations évoquées avec grande précaution: rien ne lui sera exigé, et surtout pas de les mettre en application. C'est pour cela que l'Éducation nationale est si hétéroclite et si inégalitaire, c'est pour cela qu'elle engendre tant d'échec scolaire.
Ne nions pas que la tâche est dure. La logique syndicale est assurément le principal obstacle à toute réforme qui risquerait de porter atteinte à l'indépendance toute-puissante de l'enseignant. Pour la dépasser, il faudrait envisager de supprimer le droit de grève des fonctionnaires (il n'existe pas en Allemagne par exemple) mais qui oserait ne serait-ce que formuler une telle hérésie en France? Pourtant la solution est là, dans la capacité de réfléchir, sans a priori, sans dogmatisme. Il y a des normes, des usages que l'esprit français refuse d'abandonner mais pourquoi pas, s'il s'agit d'arrêter d'exclure des milliers d'adolescents en difficulté?
Il est temps de comprendre l'urgence de s'attaquer au fond du problème, de manière globale et durable. Il est temps de mettre en oeuvre une réforme de l'école qui mette l'enseignant au coeur du processus et devant ses responsabilités, tout simplement.

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Nous avons vérifié que ce livre était gratuit le 21 fév. 2021 - 03:08 Détails de l'offre