"Pour accentuer son côté fils-d’immigré-qui-a-fait-ce-qu’il-a-pu-à-l’école-et-qui-s’efforce-aujourd’hui-de-réussir-son-intégration, on l’avait engoncé dans un costume en lainage gris foncé qui lui donnait l’air d’un croque-mort en exercice. Les cheveux plaqués sur le crâne, sa peau luisante recouverte d’une épaisse couche de fond de teint, il ressemblait à un pauvre qui s’apprête à postuler pour un poste qu’on ne lui donnera pas. Zézette était à l’avenant. Une belle silhouette de ménagère rebondie, à qui nul ne la fait, du genre qui n’a pas inventé l’eau tiède mais demeure pourvue d’un solide raisonnement. Simple, mais emplie de bon sens. Qui sait se faire respecter et vit autant qu’une autre avec son époque.
Jean-Lézard, survolté, se mit à sauter à cloche-pied dans ses mocassins en serpent.
— Le briefing, où en est-on avec le briefing ? Allez les coach, au boulot, briefez moi ces deux demeurés qu’ils aient au moins l’air de savoir pourquoi ils sont là.
— Dites donc espèce d’homosexuel passif, protesta Momo, vous pourriez tout de même rester poli si vous voulez pas vous manger une tannée."

Après la mort de son père, Louisette part à la découverte du monde, nantie d'un sac de lingots d'or et de son ami Maurice, qui lui voue un amour inconditionnel. Mais pourquoi le monde est-il si injustement cruel ? Et pourquoi Louisette possède-t-elle un hymen si solide que nul ne peut venir à bout de sa virginité ? Les situations s'enchaînent, comiques et désespérées, sur fond de satire sociale. Entre humour et épouvante, l'humanité est passée au scalpel. Et s'il suffisait, comme le docteur Nathanaël Mesguish, de s'enfoncer dans le cortex cérébral de fines aiguilles pour que cesse aussitôt toute souffrance psychique ? Et si le désespoir était vivant et n'attendant que son heure pour nous happer ? Et si l'hymen de Louisette servait à pacifier ses visiteurs ? Oscillant entre le rire et les larmes, Les désespérés offre de notre monde un portrait au vitriol, à la fois hilarant et cynique.