Les Sueurs du singe est un recueil de poésies insanes et iconoclastes, révélateur de l'œuvre d'un adolescent qui — en dépit de sa négligence viscérale et de son penchant à procrastiner — a su conserver une vingtaine de cahiers de cent pages.
Ces trésors moisis, minés par une quarantaine d'années constituent comme un précieux gisement souventes fois prospecté et jamais exploité : quelque 864 poèmes composés ou en dilettante ou en « professionnel », entre 1965 et 1972.
Adolescent, l’auteur se délectait à consigner — de quelque dialecte qu'il procédât — tout discours agrémenté de proverbes truculents, d'anecdotes banales ou salaces, qu’il entendait tenir, au milieu de sages érudits d'un autre âge.
Aussi transcrivait-il fidèlement cette littérature orale qu'ensuite il poétisait à grand renfort de tournures et de sonorités judicieusement triées et traitées. Ainsi est-il (peut-être) parvenu à la reconstitution d'un pan de la sagesse nago[1] du Bénin.
Probablement en raison d'une telle « alchimie » entre patrimoine culturel et liberté de forme littéraire, certains lecteurs de ce manuscrit aperçurent des analogies avec les récits de l’auteur nigérian Amos Tutuola, à savoir leurs credo philosophique et littéraire communs : cosmogonie yoruba/nago, liberté créative et créatrice, surnaturel et fantastique.
[1] Les Nago sont une population vivant principalement au Bénin. Il existe une importante diaspora nago au Brésil.