Jusqu’à une époque relativement récente, les pièges des règlements administratifs abscons faisaient quelques victimes malchanceuses, question de karma. Mais voilà que désormais l’exception se fait règle. Cela est-il à mettre au compte du dernier quinquennat présidentiel ? à un interventionnisme de plus en plus forcené de l’appareil d’État dans le moindre aspect de notre quotidien ? à une déliquescence programmée et généralisée de notre société évoluée ? toujours est-il que les rapports du citoyen lambda à l’administration ressemblent de plus en plus à un parcours du combattant, à l’issue souvent désastreuse. Kafka l’avait rêvé, nos politiques l’on fait.

K (il s’agit d’un pseudonyme), notre héros, est un français tout ce qu’il y a de plus normal. Lorsque nous l’avons rencontré sur le Net, dans la vraie vie K avait 60 ans, un travail , un logement, une couverture sociale et la ferme intention de faire valoir ses droits à la retraite (merci M. Fillon pour la réforme de 2003 qui a repoussé l’âge de départ permettant de bénéficier d’une retraite décente à défaut d’être complète). Suite à un accident, en l’espace de moins de deux ans, il a tout perdu ; merci la CRAMIF, la Cotorep, l’UNEDIC, le MEDEF, nos chers ‘représentants’ syndicaux et nos chers députés. Il aurait pu faire le buzz en se jetant sous une rame de métro avec selfie à l’appui ou se jeter du haut d’un pont dans la Seine. Mais heureusement, et contrairement à beaucoup d’autres, il a tout de même la chance de s’être fait de vrais amis, qui ne l’ont pas laissé tomber.
Toutefois, il n’est toujours pas sorti de l’auberge. Là, pour pouvoir enfin prétendre à un logement social, il a été contraint de devenir officiellement SDF, domicilié auprès du secours populaire. Plus aberrant que cela...

Ceci est son histoire, l’historique de ses démêlés avec tous ces organismes qui n’ont plus de social que le nom. Nous avons opté pour la forme romancée (même si la part de fiction reste éminemment symbolique*) et l’humour décapant, dernier rempart contre le crétinisme hégémonique de nos élites. Parce qu’il faut bien dire et dénoncer l’inacceptable. Et rire, histoire de ne pas se flinguer.