En Asie, depuis la nuit des temps, la misère côtoie l’opulence des temples avec soumission. Pourtant, cette population indochinoise discrète, polie, stoïque, accueillante avec l’étranger, a toujours résisté à l’envahisseur.Des ciels noyés aux rivières en crues, des rizières en corniches aux plaines inondées, l’eau imbibe les corps. Qui n’a pas été immergé dans la mousson ne sait pas la pluie. La moiteur tourne les têtes jusqu’à l’arrivée des brises nocturnes de la mer de Chine. Alors vient l’heure des plaisirs : les anisettes à la terrasse des cafés, les taxi-girls des maisons de thé, les pipes d’opium des fumeries ou les jeux d’argent des tenanciers chinois à la respectabilité factice. Les reflets multicolores des innombrables lanternes chinoises enchantent l’onde calme des plus misérables arroyos tandis que les sampans, glissant en silence sous la lune, animent les flots des halos de leurs lampes à pétrole. Conquis par l’humanité et la fidélité des Vietnamiens, bientôt l’Indochine est en nous. Si on la quitte, elle nous hante à jamais.Lassés des pénuries d’après-guerre, Solange et Martin ont renoncé aux guinguettes des bords de la Marne, leur Mékong imaginaire, pour ces protectorats français d’Extrême-Orient, où s’amassent des richesses inouïes. De rencontres insolites en découvertes impressionnantes, le destin les surprendra dans cet univers colonial trouble.