Comme pour donner corps à cette prière naissante, une percussion sonore se fit entendre et épousa le rythme complexe qui s’était construit dans les mains et les corps des Gitans. L’écho de ces sons se répercutait entre les caravanes, et se perdait dans les lueurs lunaires. Des acclamations accueillirent la percussion sous forme de chants qui semblaient provenir de la nuit des temps. Le rythme se nourrissait de lui-même, grandissait, traversait les corps et les âmes. Il se nourrissait des forces de la terre, montait dans les jambes, faisait battre les mains, et faisait s’étendre les bras vers le ciel, il ondulait vers les astres, telles les flammes du brasier. Comme la vapeur après un gros orage sur le sol brûlant, la fête s’élevait au-dessus du camp gitan, envoûtante et mystérieuse.