Résumé :
Au sud de Manhattan, une limousine freine brusquement, une portière s'ouvre, une splendide créature en est éjectée et finit sa course désarticulée contre le tronc d'un orme américain. Edouardo le clodo a tout vu, mais n'a rien fait, trop occupé à boire son litron de rouge et à chasser les mouches de sa veste en laine de chez Trouée (Grande Marque chez les SDF). Mais la belle venait de violer son espace aérien, enfin terrestre en s'affalant près de lui, près de son tronc d'arbre préféré. Une conversation insolite s'engage alors entre la richissime Mélissa Woodford et le pauvrissime Edouardo Sacramento. En quelques phrases habiles et en un acte héroïque, Edouardo parvient à charmer la belle qui finit par l'inviter à boire un verre au bar branché Trinity Place, propriété du mari de Mélissa Woodford...
Extrait
En ce 26 avril, ça sonnait les dix-neuf heures, heure de sortie des bureaux du célébrissime quartier d’affaires new-yorkais au sud de Manhattan. Côté trottoir passaient des passants pressés, des touristes aux regards émerveillés, des vieux à l’air contrarié. Côté route passait des voitures pressées, les unes derrière les autres, prêtes à s’enfourner au moindre coup de freins. Et c’est exactement ce qui se passa en ce 26 avril à l’angle de State Street et de Broadway avenue, à deux doigts du Battery Park.
Une rutilante limousine freina brusquement aux sons des « fuck off », des « son of a bitch » et des coups de klaxon des autres automobiles furieux. La limousine monta sur le trottoir, une portière s’ouvrit, une jolie jeune femme d’une vingtaine d’années en fut violemment éjectée comme un éternuement involontaire ou de la morve au nez. La pauvre fille tenta bien de se rattraper à une jambe ou à un bras, mais, trop affairés ou désintéressés, voire déshumanisés, les passants et autres badauds s’écartèrent vivement.
Après une torsion de cheville puis tête en avant, la belle à la queue de cheval poursuivit sa course désarticulée sur le gazon verdissant du Battery Park avant d'effectuer un plongeon des plus ridicules sur l’herbe encore tendre de ce début de printemps. Des pigeons crurent à une attaque terroriste et, au prix de bruyants claquements d’ailes, s’envolèrent un peu plus loin roucouler leur pitance.
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Attention, cette histoire contient des scènes torrides, elle ne convient qu’à un public averti. Interdite au moins de 18 ans.