LES SONNETS Les cantilènes et la mort.

LES SONNETS Les cantilènes et la mort
La lettre de François Ranky.
Chère lectrice, cher lecteur,
Vous le savez, nous possédons presque tous une boite en carton, une sacoche, un tiroir de commode, un compartiment aménagé dans une armoire où nous accumulons certains documents qui marquent souvent la fin d’une période particulière de la vie, heureuse ou triste : lettres enrubannées, diplômes d’enfance, papiers ou objets hérités de parents ou amis disparus. Ces souvenirs nous suivent au cours de nos différents déménagements et le contenant se remplit doucement au fil du temps qui passe.
Une vieille valise en bois m’accompagne ainsi depuis 50 ans. Elle n’est même pas fermée à clef et pourtant je ne regarde jamais son nostalgique contenu. Je ne fais que l’entrebailler quelquefois pour y jeter un souvenir de plus, puis j’oublie tout pendant des mois... des années...
Pourquoi a t-il fallu ces derniers jours que je fasse l’inventaire de ces souvenirs ?
C’est ainsi que j’ai retrouvé quelques écrits de jeunesse dont j’avais oublié l’existence même. J’ai redécouvert des sonnets datés de l’an 1960, tellement anciens que j’en ai eu le coeur chaviré, et en même temps, tellement jeunes, je veux dire sans âge, que j’ai décidé de vous les offrir
J’avais construit patiemment un panthéon personnel des “Sonnetisants” : Verlaine, Rimbaud, Albert Samain, Henri de Régnier, Paul Valéry, Edmond Haraucourt, Maurice Rollinat, Charles Péguy, Guillaume Appolinaire....
A l’époque je m’ étais amusé à “sonnetiser”moi-même, en amateur. Je parlais en alexandrins, le plus souvent. Non seulement “j’alexandrinais mais j’octosyllabais et monosyllabais” aussi.
J’ai eu ma période, en l’an 1960...Et si j’emploie tour à tour les formes plates, croisées, redoublées ou embrassées, je laisse bien souvent de côté l’alternance des rimes féminines et masculines édictées par Ronsard. Je donne dans l’irrégulier mais de là à se prendre pour Beaudelaire ou Rimbaud ...!!
Et soudain, je me découvre bien orgueilleux à me croire si modeste . C’est peut-être la raison pour laquelle je parodie la si pudique poésie du charmant Félix Arvers pour en faire le frontispice naïf de ce présent recueil dont vous me direz peut-être, chère lectrice, cher lecteur, avoir eu tort ou bien raison d’exhumer de ma vieille valise en bois.
François Ranky

A propos du sonnet.
On dit, à ce propos, qu'un jour ce dieu bizarre [Apollon],
Voulant pousser à bout tous les rimeurs françois,
Inventa du Sonnet les rigoureuses lois;
Voulut qu'en deux quatrains, de mesure pareille,
La rime, avec deux sons, frappât huit fois l'oreille;
Et qu'ensuite six vers, artistement rangés,
Fussent en deux tercets par le sens partagés.
Surtout, de ce poème il bannit la licence;
Lui-même en mesura le nombre et la cadence;
Défendit qu'un vers faible y pût jamais entrer,
Ni qu'un mot déjà mis osât s'y remontrer.
Du reste, il l'enrichit d'une beauté suprême:
Un sonnet sans défaut vaut seul un long poème.
Mais en vain mille auteurs y pensent arriver,
Et cet heureux phénix est encore à trouver.

Boileau, L'Art poétique

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