On n’échappe pas au destin. Il nous guette là où on ne l’attend pas. Marie-Agathe, auteur du premier récit, est une quadragénaire à la croisée des chemins. Elle est rongée par un mal-être qu’elle définit mal. Elle a des ressentis médiumniques qui la troublent. Elle quitte Paris et emménage dans un village du Laonnois, au pied du Chemin des Dames. En quittant les cercles de pouvoir parisiens, elle avait fui ce qu’elle n’aimait pas d’elle-même. Mais au fond de la province, contre toute attente, elle va se retrouver face à ce qu’elle voulait fuir. Elle a côtoyé les coulisses du pouvoir et en connaît les forces destructrices. Qui s’y frotte s’y pique. Et occuper un rang de contre-pouvoir est un honneur qui implique des devoirs.
Anya-Elisabeth, auteur du second récit, est une provinciale charmeuse, qui avait longtemps traîné ses guêtres, à la recherche d’un amour perdu, et qui était décidée à repartir du bon pied et à ne plus se laisser prendre aux pièges de sa nature trop tendre. Forte de ses racines ancrées dans le manoir de famille picard, elle partit pour la capitale et toutes ses opportunités, rien que pour abattre les frontières de l’enfermement. Elle avait foi en ses atouts. Portée par son goût avide de vivre, et l’amour de sa fille, elle ne doutait pas que la vie lui rendrait deux fois ce qu’elle donnait d’elle-même. Quand elle croise la route d’un homme de pouvoir, séducteur invétéré, il s’ensuit une relation ambiguë dont elle comprend instinctivement le danger. Elle s’esquive avec finesse, n’attendant de lui qu’une juste valorisation de son statut professionnel. S’instaure alors entre eux un jeu de séduction qui va enfermer Anya-Elisabeth dans le piège du pouvoir absolu. En femme d’honneur, elle s’était juré d’attendre son heure.

L’été au Soleil noir Ou le baiser du Serpent, dans sa version intégrale des deux tomes réunis, est un double récit des mêmes faits où s’imbriquent pouvoir absolu, ostracisme, tragédie, trahisons. C’est un affrontement implacable, pied à pied, du petit qui refuse de plier sous l’oppression du puissant. L’état de droit et ses systèmes a aussi ses cachots secrets sans barreaux où végètent et dépérissent les bannis d’en-dedans. Et c’est sans compter aussi tous les dommages collatéraux occasionnés par cette spirale infernale.