Funambules

Kathleen, Lola et Aurélie sont colocataires. Au jour le jour, elles partagent leurs joies, leurs émois et leurs peines. Et puis la tragédie frappe, un soir dʼhiver où le père de Kath se tue en voiture. Face au deuil qui lʼisole du monde extérieur, ses proches doivent retrouver le chemin jusquʼà elle. En parallèle, Lola et Aurélie voient naître entre elles des sentiments nouveaux, qui dépassent de loin lʼamitié… Face à de tels bouleversements, lʼéquilibre est un art bien difficile. Mais cʼest la vie qui prime, et les trois jeunes filles, un pas après lʼautre, sʼefforcent dʼavancer.

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Deux extraits :

Elles étaient arrivées en bord de fleuve. Là où, toujours, elle était venue avec son père. Un coup de poing, au ventre et au cœur. L’eau noire et luisante de reflets était la même. La ville ne connaissait pas l’absence ; les éléments non plus.
Des cycles sans fin. Des ciels changeants mais toujours les mêmes, loin au-dessus des têtes, hors d’atteinte. Entre elle et le monde, un immense espace vide.
« Pourquoi tu m’amènes ici ? cracha-t-elle.
— Parce que moi aussi, il me manque. »
Elle ne chancelait qu’à l’intérieur, son corps était droit, glacé, indifférent. « Tu mens. Tu me mens.
— Il m’emmenait aussi ici, avant. La force du fleuve, c’était tout lui. Cela l’attirait trop pour qu’il puisse rester à distance.
— Il disait qu’il aimait l’eau la nuit, surtout la nuit. Il plaisantait en affirmant qu’on allait nous prendre pour deux suicidaires. » Sa voix s’étrangla. Son agitation intérieure commençait à déborder.
Sa mère lui serrait le bras à lui faire mal. « Je sais. Je sais. »

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Elles s’appliquèrent à ne pas faire de bruit — des petites souris dans l’entrée, des voleuses, des complices. Aurélie faillit faire tomber son sac et Lola lui adressa un « Chut ! » péremptoire. Elles avancèrent avec circonspection.
« Bon, murmura Lola dans le dos d’Aurélie. Eh bien… bonne nuit, princesse. J’ai vraiment adoré passer cette soirée avec toi. Je te sors à nouveau quand tu veux », plaisanta-t-elle avec une légèreté de surface.
Aurélie se retourna.
Elles se fixèrent des yeux, incertaines. Leur proximité étaient relative, normale. Les lumières de l’entrée, qu’elles avaient oubliées derrière elles, jetaient des ombres sur leurs visages. L’instant était suspendu.
« Merci », dit Aurélie.
Ce fut elle qui s’avança, ne laissant entre elles qu’un pas. Un espace infime et frémissant.
Les lèvres de Lola effleurèrent les siennes comme l’aurait fait un souffle, délicat et aérien, impossible à capturer.

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Lʼauteur :
Guillemette Allard-Bares est traductrice et auteur. Ses romans La Houleuse et Funambules sont des tranches de vie qui reflètent son goût pour la psychologie et la complexité des rapports humains.
Après avoir débuté en traduisant les thrillers surnaturels de l’auteur américain Scott Nicholson, elle a aussi publié deux traductions de romans libres de droits et inédits en France, afin de faire découvrir à un public plus large ces œuvres méconnues : L’Allée des disparus et LʼHéritier mystérieux, des romans policiers de la fin du xixe siècle par Anna Katharine Green, inspiratrice dʼAgatha Christie.
Vous pouvez suivre Guillemette Allard-Bares sur son blog : https://guillemetteallardbares.wordpress.com/

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