Été 1972 ; l’ordre règne en Syrie. Hafez el-Assad s’est emparé du pouvoir depuis un peu moins de deux ans. Pendant deux mois, l’auteur effectue un stade étudiant à la raffinerie (misfat) de Homs. Il prend en pleine figure les réalités d’un pays extraordinaire sur lequel s’est abattue une chape de plomb. Cet ouvrage est, en 36 historiettes, le récit à vif de cette expérience, telle qu’elle lui est revenue en mémoire des années plus tard, par flashs.
Pour ces 36 historiettes au ras du sol, qui le conduit de Homs à Damas, en passant par Palmyre, Alep, Hama et même Beyrouth, entre Homos et parties de Taoulé-zaher, le ton est alerte pour plonger le lecteur dans le quotidien d’un jeune Français de 22 ans timoré mais curieux, à l’antipode de l’aventurier, à la rencontre des gens et des recoins de cette Syrie d’avant, coincée entre deux guerres, celles de 1967 et 1973. Autant un journal-intime que le témoignage d’un temps définitivement révolu qui aborde incidemment des problématiques diverses, comme la religion et la place des femmes dans la société syrienne, l’attentat des JO de Berlin vu de Syrie, la vie quotidienne etc.
Par un caprice du destin, en 2005, il revient en Syrie et séjourne pendant un mois dans une famille syrienne, dans les collines alaouites, entre Homs et Tartous, en compagnie de son épouse et sa fille. Il évoque également, mais plus brièvement, cette nouvelle expérience, cette redécouverte d’un pays qu’il ne reconnait pas et où il sent gronder la menace d’un avenir terrible, sans imaginer l’ampleur du désastre actuel.
Le paradis perdu, c’est celui d’une Syrie écrasée par les bombes, qui n’existe plus qu’en photo, tant bien même il sortirait quelque chose de bien de l’horreur de son présent, dont on peine à imaginer qu’il puisse finir un jour.
Le paradis perdu, c’est également celui d’une jeunesse lointaine, encore plus surement ensevelie sous le poids du temps qui passe.
La couverture représente l’arche du site antique de Palmyre, avant sa destruction par Daesh. Elle a été prise en 2005 par l’auteur.