Comme du charbon

Dans un monde post-apocalyptique où les livres ont été proscrits, un vieux professeur enseigne en cachette la lecture à des enfants.
Mais quand on est hors la loi, tout peut basculer d’un instant à l’autre…

Un texte hommage à Fahrenheit 451 qui évoque la résistance contre l’oppression.


EXTRAIT

Élise observait son frère avec fascination. Il serrait entre ses mains l’un des livres du professeur qu’il lisait à voix basse. C’était fabuleux de penser qu’un objet si fin contenait autant. La petite fille regarda par-dessus son épaule. Coincés entre ces pages, se trouvaient un géant, un garçon et une armée d’êtres minuscules. Comment pouvaient-ils tous tenir en si peu d’espace ? Comment ces signes étranges pouvaient-ils raconter une histoire si longue et compliquée ?

Les mots la captivaient. Quel homme incroyable avait pu les agencer de la sorte ?
Ses yeux brillaient de passion et de désir. Bientôt, elle apprendrait elle aussi.

Des pas montaient dans les escaliers. Allan referma le livre brusquement et l’enfouit sous son oreiller. Élise émergea de ses pensées et se tourna vers la porte.
Le père des deux enfants passa la tête dans l’entrebâillement.
— Eh bien, que faites-vous ? Il y a du travail au lavoir.
Les gamins se levèrent précipitamment.

Ils n’avaient connu que cette vie. Mais leur père, parfois, leur parlait d’un temps où les machines avaient remplacé les hommes dans les champs.
C’était, semble-t-il, avant la grande destruction de cinquante-six.
Ensuite, les deux bombes avaient explosé. Le monde était devenu un immense champ de ruine et un brasier permanent. Et tandis que le monde brûlait, les Hommes se perdaient, s’oubliaient. Des hordes de bêtes, voilà ce qu’ils étaient devenus.

L’un d’entre eux avait alors pris le contrôle, au nom de la sécurité et de l’avenir.
Le père des deux enfants leur expliquait parfois que sans cet homme, ils seraient morts. Il n’y avait pas de place pour les familles, plus de place pour les Hommes dans le monde tel qu’il était devenu.

Bien sûr, aujourd’hui, ils étaient enchaînés à ce nouveau maître. Bien sûr, ils lui devaient obéissance. Mais ils pouvaient vivre. N’était-ce pas là l’essentiel ?


À PROPOS DE L’AUTEUR

Après plus d’une dizaine de textes publiés dans des webzines, fanzines et anthologies, parmi lesquelles celles de Griffe d’encre, Malpertuis et Parchemins & Traverses, Aurélie Ligier propose ici sa 16ème nouvelle.

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Nous avons vérifié que ce livre était gratuit le 26 fév. 2021 - 11:56 Détails de l'offre