Photo Couverture publiée par INFOSuroit.com de Vincent Gabriel Kirouac

Il est neuf heures du matin en ce printemps 1999. Coiffé, rasé, j'arrive avec un bon quart d'heure d'avance pour un rendez-vous d'embauche au Muy, près de Fréjus. C'est pour une place de manœuvre car je ne trouve rien de mieux en ce moment. Nous sommes deux, trois, assis à attendre, dans une entreprise fabriquant des accessoires de piscine, un marché florissant dans le Sud.

Il fait déjà chaud. Mon tour arrive.

Le patron (ou son second, je ne sais pas, regarde d'un œil mon CV et ne dit mot. Au bout de quelques dizaines de secondes, je me permets :

— Je suis disponible dès que possible.

Silence du quidam qui commence à regarder d'autres papiers, on dirait de la comptabilité. Je récidive timidement :

— Vous pouvez voir sur mon CV que j'ai déjà travaillé dans votre secteur.

— ------------ Silence-radio. Je reprends en souriant :

— Alors, vous êtes intéressé ?

— Je sais pas, finit-il par répondre.

— Vous avez besoin de plusieurs personnes, n'est-ce pas ?

— M'ouais, je sais pas. Revenez demain, dit-il mollement, en repoussant la pile imposante des autres candidatures.

Je suis reparti, serrant les poings et ravalant mon envie d'hurler, et plus...

C'est à partir de ce jour là qu'une idée, celle d'écrire, m'est montée à la tête. Il y avait déjà trop à raconter, trop de cocasse, d'absurdes, d'inadmissible, à rire ou à pleurer. Près de dix ans plus tard, je me suis décidé. Je vous invite à un embarquement dans le voyage de la précarité rocambolesque, et dans le rire malgré tout...