Dilwyn vit à New-York, la veille de son vingt et unième anniversaire, elle fait ses courses et durant celles-ci, elle perçoit une vision. Son esprit habite un corps blessé et faible, elle observe l'accident de voiture, remarque deux autres corps qui ont été éjectés de l'habitacle. En retournant chez elle, elle médite toute la nuit, en sortant de cet état de transe, elle découvre que l'accident concerne sa famille. Ses parents sont morts et sa petite sœur est hospitalisée. Elle n'a pas le choix après six ans de fuite, elle doit rentrer en France. Revenir dans son village Gardloup. Peut-elle rentrer chez elle sans accepter ce qu'elle est en réalité. Elle la fuit depuis tant d'années, comment sa sœur va-t-elle l'accueillir ?

Extrait :

Le matin de ce trente octobre, je me réveille avec une boule au ventre comme annonciateur d'une menace. Elle me coupe même l'appétit. Je me prépare et me dirige vers l'école primaire où je donne des cours de français. Mon emploi du temps est peu chargé, je ne travaille que les matinées. Ce midi-là, quand je rentre chez moi cette impression d'urgence ne m'a toujours pas quitté. Ayant des rendez-vous l'après-midi, je me prépare un sandwich que je mange sur le pouce, étant donné que mon élève à qui je donne des cours de Mathématiques allait arriver dans les quelques minutes qui suivent.
Cette première heure de cours particulière file à une telle vitesse, que le second élève se présente à la porte de mon studio. Celui-ci est aménagé dans le sous-sol d'un immeuble à environ un kilomètre du Forest Park à New-York. Ce jeune garçon, je lui enseigne les sciences dans leurs ensembles. Quand enfin, il part à son tour, je prends mon sac à main, une veste épaisse pour me protéger du vent froid et sec. Je n'oublie pas de prendre mes sacs de courses.
En sortant, je ferme à clef, je prends la direction de mon épicerie fétiche, située à quelques rues d'ici. Je passe devant différentes boutiques, celles-ci ont leur vitrine décorée pour la fête d'Halloween du lendemain. Le vendeur me connaît bien, je viens quasiment tous les jours. Je mets dans mes sacs du pain, des œufs, du fromage et autres denrées alimentaires dont j'ai besoin. Quand j’arrive au rayon des pâtes, je suis soudain prise d'étourdissement. Ma vue se brouille. Je me tiens à l'une des étagères, je ne sens plus mes jambes ainsi que la gravité de la Terre. Les vertiges sont assez violents. J'ai même l'impression de devenir aveugle.
Les rayons de l'épicerie se brouillent peu à peu et disparaissent. Ils sont remplacés par l'obscurité. Je ferme les yeux et me calme, les ténèbres se dissipent, j'entrevois des formes ainsi que des couleurs. Je regarde les alentours, je me trouve à l'extérieur, près d'une route et d'une forêt de bouleaux et de chêne très dense. Je suis allongée face contre terre, je pense être dans un champ ou bien dans une prairie, je ne peux pas bouger mes membres. Je ne suis plus dans mon corps, mon esprit en a investi un autre, je vois à travers une autre paire d'yeux.
Je regarde au loin, remarque deux autres corps. Le premier est sûrement celui d'un homme, il est étendu près d'un fossé, je ne distingue pas son visage. La seconde personne est peut-être une femme, tout comme le premier, je ne peux l'identifier. Celle-ci est près d'un arbre. Je continue à scruter les alentours découvre qu'il s'agit de victimes d'un grave accident de voiture.
L'automobile est en feu. Les flammes sont hautes et larges, crépitent. Le réservoir a peut-être déjà explosé. L’habitacle n'existe plus. Le véhicule est dans un état irrécupérable. Elle est bonne à une chose, allée à la casse.
Je tourne mon regard vers chaque extrémité de la route, un panneau rectangulaire est planté, ne pouvant être ignoré. La seule chose que je peux distinguer à ma distance, ce sont les couleurs rouge et blanc, ce qui me fait penser à celui qui se trouve à chaque entrée et sortie de mon village, mais pas seulement, d'autre ont le même.