« A Bout de Courts » est un voyage initiatique, parfois burlesque, dans le monde « underground » des réalisateurs amateurs de courts métrages.
Une histoire légère et poétique dans une réalité du monde salariale qui est complexe.

Extrait :
… « Eudoxe espère que la tension dramatique s’approche de son paroxysme. Il se lance sans attendre dans le climax, le point ultime de la succession des actes.
Antoine emprunte le couloir menant à la chambre en tenant à hauteur de tête son bouquet. Louise entend et sent chaque pas s’approcher. Au moment où Antoine s’apprête à franchir le palier de la porte de la chambre, Louise lâche toute son énergie dans un mouvement brutal qui envoie sa poêle en plein dans la figure d’Antoine. Il s’écroule avec son bouquet explosé tout autour de lui.
Eudoxe vit dans cette scène la métaphore de sa rencontre avec Louise. Il n’avait pas de bouquet à offrir mais un visage radieux. En disparaissant soudainement, son humeur s’était effondrée. Louise lui avait explosé son sourire ce soir-là.
Comme tous les scénaristes, Eudoxe a la main pour changer le cours de l’histoire. Il jette toute son inventivité dans la chute de son scénario. Louise attend quelques secondes pour être certaine que sa victime est terrassée. Elle n’entend plus aucun bruit et sort de sa cachette contre le mur pour découvrir le visage de celui qu’elle a violemment frappé. C’est avec stupeur qu’elle reconnaît son mari Antoine.
Eudoxe imagine Louise se jeter au cou d’Antoine pour l’embrasser, pour s’excuser. Bien que ce soit une pure galéjade, cette fin lui plaît volontiers car dans la suite logique de sa métaphore, il est Antoine. Mais finalement, il se ravise. Et après que Louise ait embrassé abondamment son mari, Eudoxe décide qu’elle le frappe à nouveau d’un coup de poêle. Il tranche pour ce deuxième coup d’abord pour la dimension comique de la chute du court-métrage. Mais il se résout aussi à cette pirouette, ce volte-face, ce retournement de situation au cas où Louise aurait réellement un mari dans la vraie vie.»…