Les Chroniques de l'Ombre: Fictions

Topophilie : l’amour des lieux. Les écrivains qui se vouent au fantastique sont en général de grands amoureux de lieux très précis. Je me suis souvent demandé si la cosmogonie et les intrigues parfois alambiquées de Lovecraft n’étaient pas, chez lui, simples prétextes à arpenter les paysages écartés de la Nouvelle-Angleterre. Il décrit les gorges obscures, les torrents dévaleurs d’à-pic, les chemins ombrés et les vielles fermes au toit défoncé, avec un tel luxe de détails, une telle insistance, que l’on peut se demander si la poésie des lieux perdus de l’hinterland n’est pas son motif inavoué — un poète qui s’obligerait à faire de la prose pour rejoindre des lecteurs). Même phénomène chez Jean Ray. Dans des décors différents, plus urbains, ou alors franchement maritimes. Ray se complaisait dans la description de rues anciennes, de vieilles demeures, de ces tavernes rances où matelots et voyageurs viennent s’emplir et déverser leur trop-plein depuis des siècles.
En toute franchise, je crois avoir écrit La langue des Abeilles, Le ruban de la Louve, Le truc de l’oncle Henry, Kassauan et ces Chroniques de l’Ombre pour me promener, par l’imaginaire, dans mes paysages premiers.

Saint-Euxème : ville médio-nordique — 27 842 habitants ; chef-lieu de l’Euxémie : région qui englobe Saint-Euxème et ses environs — 78 547 habitants. Qui dévoilera, sans rien en occulter, tous leurs secrets ? Et les Euxémois me pardonneront-ils un jour d’avoir exposé la complexité de leurs alentours qui, plus qu’ailleurs, ne sont que décors, dissimulant davantage le réel qu’ils ne le divulguent ? D’avoir brouillé la paix et la discrétion de leurs vies de mortels, qui s’écoulent entre les lenteurs muettes des rivières Louve et Calouna ?
Car, en Euxémie, sachez-le, on parle beaucoup — et on parle peu. En ce lieu, on parle météo. On évite de parler de soi. On écoute des histoires. On se raconte des histoires, et on répète les histoires qui parlent de soi, tout en n’en parlant pas. J’en ai cueilli. Surtout lorsque l’automne s’installe. Dans les lieux où l’on boit, dans les lieux où l’on se rassemble pour jaspiner. Discrètement, il va sans dire. De façon à ne mettre en fuite ni les acteurs ni les narrateurs à qui nous devons ces récits et bien d’autres.
Table des matières
Avant-propos
Le dévot d’Is
Barbershop Quartet
Édouard Le-Danubien
Le delta
La grippe
Sig

L’auteur : Alain Gagnon a remporté à deux reprises le Prix fiction roman du Salon du Livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean pour Sud (Pleine Lune, 1996) et Thomas K(Pleine Lune, 1998). Quatre de ses ouvrages en prose ont ensuite paru chez Triptyque : Lélie ou la vie horizontale(2003), Jakob, fils de Jakob (2004), Le truc de l’oncle Henry (2006) et Les Dames de l’Estuaire (2013). Il a reçu à quatre reprises le Prix poésie du même salon pour Ces oiseaux de mémoire (Le Loup de Gouttière, 2003), L’espace de la musique(Triptyque, 2005), Les versets du pluriel(Triptyque, 2008) et Chants d’août (Triptyque, 2011). En octobre 2011, on lui décernera le Prix littéraire Intérêt général pour son essai, Propos pour Jacob (La Grenouille Bleue, 2010). Il a aussi publié quelques ouvrages du genre fantastique, dont Kassauan, Chronique d’Euxémie et Cornes (Éd. du CRAM), et Le bal des dieux(MBNE) ; récemment il publiait un essai, Fantômes d’étoiles, chez ce même éditeur. On compte également plusieurs parutions chez Lanctôt Éditeur (Michel Brûlé), Pierre Tisseyre et JCL. De novembre 2008 à décembre 2009, il a joué le rôle d’éditeur associé à la Grenouille bleue. Il gère aujourd’hui un blogue qui est devenu un véritable magazine littéraire : Le Chat Qui Louche 1 et 2 (https://maykan.wordpress.com).


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