Djihad

Un écrivain alcoolique en panne d'inspiration, un djihadiste en herbe, un âne, Jean-Pierre Pernaut et Michel Houellebecq, tels sont les principaux protagonistes de la dernière nouvelle de Condie Raïs...

Extrait :

Quand j’avais ouvert la porte, il était tranquillement sorti de l’enclos et s’était planté à me côtés. J’avais allumé une cigarette, le sourire aux lèvres, avant de me mettre en marche, certain qu’il allait m’accompagner. Sauf que Sir Winston Churchill était parti dans la direction diamétralement opposée, de l’autre côté des friches qui entouraient la maison.
Je l’ai appelé. En vain. J’ai dû lui cavaler après et le choper par l’encolure, mais il a continué d’avancer jusqu’à un rosier grimpant dont il s’est mis à brouter les feuilles sans me prêter attention. J’ai ensuite tout essayé, poussage, tirage, menaces, caresses, tentatives de persuasion, à la manière de Robert Redford dans L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux. Las. Je devais me rendre à l’évidence. L’âne faisait ce qu’il voulait et moi, j’avais juste l’air d’un con.
J’en étais à ma quatrième cigarette, assis sur une souche en attendant que Monsieur veuille bien bouger, lorsque j’ai entendu le tintement de la cloche retentir au portail d’entrée. J’ai soupiré. La journée commençait mal. Je trimballais un mal de crâne vicieux, j’avais libéré un âne têtu dans la nature et en plus, j’avais de la visite. Ce qui était la dernière chose dont j’avais envie pour l’heure. Ce n’était pas aujourd’hui que j’allais me remettre à écrire. Ou plutôt à m’y mettre enfin, parce qu’il fallait être honnête, je n’avais pas encore avancé la suite de mon histoire d’une seule foutue ligne.
Bref.
J’ai laissé mon âne continuer de ruiner le rosier grimpant et je me suis dirigé sans enthousiasme vers le portail en faisant gaffe de ne pas me prendre les pieds dans les ronces. Il y avait un type derrière la grille rouillée, et une voiture pourrie garée derrière lui – je n’aurais pas su vous donner la marque, mais il faut dire que je ne connais strictement rien en bagnoles, ça ne m’intéresse absolument pas.
Le type, en revanche, je le connaissais. C’était Michel Houellebecq. Le célèbre écrivain.
Il se tenait un peu voûté, sa fameuse parka sur le dos, la mèche de cheveux en forme de balayette improbable et le visage ravagé par les abus de toutes sortes...

Retrouvez cette nouvelle dans le recueil "C3H5N3O9 (dernières nouvelles du front)"

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Nous avons vérifié que ce livre était gratuit le 16 mars 2022 - 19:50 Détails de l'offre